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6 résultats de recherche pour :

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Rapports de la religion et de la politique chez Spinoza et Rousseau

Sans entrer dans le détail et compte tenu de la différence des problèmes existentiels qui préoccupent Spinoza et Rousseau, un lecteur même superficiel est frappé par la similitude des arguments qu’ils invoquent l’un et l’autre dans leur critique des religions révélées. Tous les deux contestent l’autorité des livres sacrés, l’authenticité des témoignages des prophètes et, […]

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Universel, général: l’altérité de Rousseau

Ce que l’on désigne aujourd’hui sous le vocable de doctrine des droits de l’homme résulte d’un long processus d’amalgame, marqué d’une part par l’occultation progressive du contexte problématique de sa formation au XVIIIe siècle, d’autre part par la prépondérance croissante accordée à la référence kantienne. Ce trait a été fortement accentué dans les dernières décennies. […]

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La volonté générale, concept amphibologique

Dans la logique de la pensée occidentale moderne, qui se fait gloire d’inscrire l’idée de démocratie au fronton des républiques, la notion de volonté générale possède une prérogative éminente: elle est la matrice des lois. En l’occurrence, Jean-Jacques Rousseau est communément considéré comme le maître penseur qui, dans son Contrat social (1762) non seulement a […]

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Socialisation et réalisation de soi dans l’Emile

Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes construit une opposition manifeste entre socialisation et réalisation de soi. Le portrait de l’homme à l’état de nature permet, par contraste, d’identifier les pathologies de la vie sociale moderne, qui écarte de lui-même et semble condamner au malheur l’individu. Car celui-ci ne vit plus comme le faisait l’homme de la nature, dans le seul rapport à soi. Ce dernier vivait à la fois en lui-même et pour lui-même : son comportement n’était motivé que par le seul amour de soi, il était indépendant, il n’avait avec les autres individus aucune relation morale. L’homme sociable vit au contraire dans l’opinion des autres et, dès lors, pour les autres (il cherche leurs faveurs) . Les comportements sont donc alors déterminés par les jugements d’autrui et non par les penchants naturels. Il faut répondre aux attentes des autres individus, ou ce qu’on imagine être tel. Les individus sont conduits à une représentation permanente d’eux-mêmes : il faut feindre, paraître avoir les talents ou les qualités qui permettront d’être bien jugé. L’espace civil décrit ainsi dans le second Discours n’est qu’une concurrence effrénée pour le prestige.

La relation à soi et la relation aux autres se modifient donc réciproquement dans l’état civil : l’intersubjectivité empêche de vivre en soi-même, l’orgueil et plus généralement toutes les passions d’amour-propre, empêchent les sentiments de sociabilité. Ces passions sont autant de conditions d’impossibilité du bonheur : le mécontentement est perpétuel, celui qui veut être tout pour être estimé davantage que les autres est condamné à être irrité par « tout ce qui étant quelque chose nous empêche d’être tout » .

Mais si la socialisation marque l’impossibilité d’une vie réussie, entendue ici de manière très générale comme vie heureuse, n’est-ce pas de facto restreindre les fins que l’éducation mise en place dans l’Emile se propose d’accomplir ? Lui faut-il soit renoncer à faire d’Emile un être heureux, soit renoncer à en faire un être sociable ? Faut-il choisir entre élever un individu pour lui-même et élever un individu pour les autres ?

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La question de l’éducation naturelle dans l’Émile de Rousseau

Dans l’Émile, Rousseau prend pour objet ce que la philosophie de son
temps a délaissé, « la première de toutes les utilités qui est l’art de former
des hommes ». Mais pour bien former les hommes, il faut les connaître :
l’éducation ne se sépare pas de l’anthropologie, l’Émile, comme le souligne Rousseau dans sa Lettre à Ch. De Beaumont, est bien une « Théorie de l’homme ». Les éducations traditionnelles ne sont pas convenables à l’homme, qu’elles ne connaissent pas et déforment. Et c’est précisément
contre cette méconnaissance que Rousseau veut jeter les bases d’une
éducation naturelle, « bien adaptée au coeur humain ».
Cette éducation est définie par une double disjonction. D’une part, on
peut choisir de faire un citoyen, par une éducation publique et commune à
tous, ou de faire un homme, par une éducation domestique et particulière.
Les conditions politiques n’étant plus réunies pour une éducation publique,
il faut opter pour une éducation domestique. D’autre part, celle-ci peut
projeter soit d’élever un enfant pour la place qu’il occupe dans l’ordre social,
soit de l’élever indépendamment des rangs et des conditions. La première
éducation n’est plus convenable au monde moderne : les positions sociales
ne sont plus des castes comme dans l’ancienne Égypte, « les rangs
demeurent [mais] les hommes en changent sans cesse ». L’éducation
d’Émile, domestique, fera donc abstraction des conditions sociales
d’existence.

En résumé, si l’éducation dont Rousseau délimite les contours dans les
premières pages de l’Émile peut être dite naturelle, c’est qu’elle n’est ni
civile ni sociale. Autrement dit, naturel a ici un sens négatif et critique. Mais
peut-on gagner en précision et donner à ce terme un sens positif et normatif ?