Critique de la raison pure – Dialectique transcendantale – Méthodologie transcendantale. Commentaire
Rappelons que la métaphysique ne se confond pas avec la « métaphysique spéciale » (et ses trois disciplines : psychologie, cosmologie et théologie rationnelles), mais qu’elle commence avec l’ontologie (= métaphysique générale).
Dans l’acception kanto-wolffienne du terme, la métaphysique est la connaissance rationnelle a priori, comme telle. La métaphysique est la science ayant affaire aux concepts a priori des objets, que ceux-ci soient ou non donnés dans l’expérience, pas exclusivement, ni même spécialement, aux concepts a priori des objets qui ne sont pas donnés dans l’expérience.
La métaphysique comporte deux « parties » : lamétaphysique générale (ou ontologie : science des prédicats convenant a priori à tous les êtres) et la métaphysique spéciale (tentative de connaissance a priori du supra-sensible dont les objets sont l’âme, le monde et Dieu et les disciplines constituantes : la psychologie, la cosmologie et la théologie rationnelles). Cela étant, le « but final [letzter Zweck] » de la métaphysique ne laisse pas de se trouver dans les questions que la raison rencontre inévitablement : celles de la liberté de la volonté, de l’immortalité de l’âme et de l’existence de Dieu. Toute la métaphysique culmine dans la métaphysique spéciale, cette dernière « partie » est le télos de la métaphysique. C’est d’elle que s’occupe exclusivement la dialectique transcendantale de la Critique de la raison pure.
La théorie transcendantale de l’objectivité a pour revers un procès de l’ontologie traditionnelle, mené tout d’abord implicitement jusqu’au chapitre II de l’Analytique des principes inclusivement, puis explicitement. Kant instruit alors jusqu’à la fin de l’Analytique transcendantale le procès de la métaphysique spéciale ou ontologie (doctrine des propriétés qui conviennent à la chose en tant que telle, à l’objet en général) qui procède immédiatement d’une méconnaissance des exigences de l’objectivité dont nous avons pris connaissance. Comme il ne s’agit que du corollaire négatif de la doctrine de l’objectivité, comme l’ontologie ne repose que sur un mauvais usage de l’entendement et ne met pas en cause une autre faculté, il n’y a pas pour Kant de raison majeure pour placer ces considérations sous le signe d’une nouvelle grande division, ni non plus pour s’étendre démesurément sur ce point. Deux chapitres lui suffisent, celui De la distinction de tous les objets en phénomènes et noumènes et celui De l’amphibologie des concepts de la réflexion.