L’esthète et le rossignol : Savoir et sensibilité dans l’appréciation esthétique

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Pour qui a pratiqué ou pratique l’enseignement, l’attitude réservée voire négative des élèves devant un exercice d’explication d’un texte littéraire (poème, page de roman, scène de théâtre), d’un fragment musical ou d’une œuvre plastique, est familière. A trop expliquer, on gâcherait le plaisir ! Le savoir et la sensibilité ne feraient donc pas bon ménage. Ne faut-il voir là qu’un spontanéisme naïf qui masquerait mal une paresse trop naturelle ? Ce n’est pas l’avis de Gaston Bachelard (les professeurs peuvent aussi penser comme les élèves, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons !) : « Ce n’est pas moi non plus qui, disant mon amour fidèle pour les images, les étudierai à grand renfort de concepts. La critique intellectualiste de la poésie ne conduira jamais au foyer où se forment les images poétiques […] Pour connaître les bonheurs d’images, mieux vaut suivre la rêverie somnambule, écouter, comme le fait Nodier, la somniloquie d’un rêveur. […] C’est un non-sens que de prétendre étudier objectivement l’imagination, puisqu’on ne reçoit vraiment l’image que si on l’admire. »

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