Simone Weil et l’histoire de la philosophie

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La pensée de Simone Weil témoigne avec éclat des richesses de la conception de l’histoire de la philosophie dans la tradition française. C’est une lecture immensément respectueuse et infiniment scrupuleuse des grands textes. Des textes émanant de la plume des grands philosophes, les seuls qui valent la peine d’être lus et qu’on ne voudrait pas critiquer ou réfuter mais pénétrer et comprendre. Les grands penseurs constituent la philosophie : non pas en tant qu’étapes ou degrés du développement de l’esprit philosophique mais plutôt comme des perspectives sur la même réalité, si l’on veut, des dégradés du même eidos. Le progrès est une notion de bas étage  et elle est plus particulièrement étrangère à la philosophie. Descartes sur qui portait son Diplôme d’Études Supérieures, disait : « la Sagesse humaine demeure toujours une et la même »  et Simone Weil en restera convaincue. « La philosophie… est une, éternelle et non susceptible de progrès. Le seul renouvellement dont elle soit capable est celui de l’expression », en fonction de l’époque et du public. Et Simone Weil d’ajouter « … c’est la seule raison pour laquelle il peut valoir la peine d’écrire sur un pareil sujet après que Platon a écrit » (IV 1 58). « La philosophie ne progresse pas, n’évolue pas… une pensée nouvelle ne peut être qu’un accent nouveau imprimé à une pensée non seulement éternelle en droit, mais antique en fait » (IV 1 194). Ces formules rédigées à Marseille contiennent en raccourci l’essentiel de la conception weilienne de l’histoire de la philosophie. A savoir d’une philosophia perennis inaugurée d’une manière éclatante par les Grecs.

https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2009-4-page-581.htm