Collaborer avec le destin : un abandon de toute volonté ?
Prétendre retrouver dans la philosophie antique ce qui constitue notre notion moderne de volonté serait sans doute a priori peu convaincant, et, dans le stoïcisme en particulier, où tout événement résulte du destin, un tel projet semble irrémédiablement voué à l’échec. Il n’empêche : dire que les Stoïciens n’avaient pas la même conception de la volonté que nous ne signifie pas qu’ils n’en avaient pas du tout. Or, en règle générale, nous ne savons pas très bien nous-mêmes ce que nous entendons par volonté, et il peut être tout à fait intéressant de s’interroger sur ce que nous comprenons communément lorsque nous disons « je veux ». C’est tout l’objet de la présente enquête d’analyser une réaction classique de doute voire de rejet, presque instinctifs, à la lecture de certains passages des écrits des Stoïciens, et en répondant aux interrogations que cette réaction soulève, de critiquer notre notion de volonté, et de comprendre ce que les Stoïciens veulent dire lorsqu’ils assurent que seul le sage fait ce qu’il veut, tout en ajoutant qu’il ne veut que ce que veut dieu pour lui…