Descartes et le problème de la culture …

Ma première tâche était donc d’imaginer un thème qui ne fût ni trop étroit ou trop spécifique, ni déjà substantiellement exploré et ainsi a priori trop classique. Je n’ai pas cru pouvoir faire mieux que de choisir celui de la culture (en tant que culture de l’esprit, cultura animi). Curieux choix, me dira-t-on peut-être : car d’abord, le mot même de « culture » paraît absent du lexique de Descartes, qui emploie certes, en français comme en latin, le verbe cultiver (excolere), suivi d’un complément, mais n’use guère, comme substantif, que du mot latin eruditio ; et de fait, il paraîtra difficile de trouver dans tout le corpus cartésien un seul texte où cette question de la « culture de l’esprit » soit abordée tout à la fois de manière expresse, générale et positive : les seuls textes qui lui soient consacrés sont ou bien, semble-t-il, ceux qui dénoncent le peu d’utilité des disciplines scolaires ou des connaissances historiques pour la recherche de la vérité, ou bien ceux qui soulignent la nécessité, pour cette recherche, d’une préparation d’un genre nouveau, qu’on peut réduire à la pratique méthodique des mathématiques…

[[Communication prononcée en mars 1998 à la Société Française de Philosophie et publiée dans le Bulletin de la Société Française de Philosophie, avril-juin 1998, Paris, Vrin, p. 1-48]]

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