Le roi, la femme et la sagesse, une lecture de 1 Rois 3, 16-28

Dans le langage courant, un « jugement de Salomon » est un verdict qui renvoie dos à dos les parties et met fin de la sorte au litige confus qui les oppose, quand bien même ce doit être au mépris de la justice. De l’histoire racontée dans le premier livre des Rois, ce sens commun ne retient que l’image de l’épée qui tranche une affaire apparemment inextricable. Mais il néglige l’essentiel du récit. Celui-ci se situe en effet au niveau de la parole du sage qui permet à la vérité de triompher du mensonge et à la vie de l’emporter sur la mort. Car, à n’en pas douter, c’est là un des enjeux fondamentaux du récit: montrer combien vie et mort s’entrecroisent avec vérité et mensonge. Tant il est vrai que « on ne reconnaît les effets de vérité ou de mensonge du discours qu’aux effets de vie et de mort qu’il produit dans le corps » (D. Vasse)

L’histoire des deux prostituées revendiquant le même enfant vivant a tous les traits d’un conte populaire. Le seul fait que les acteurs — y compris le roi — soient anonymes en est un signe.

https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_1998_num_29_1_2926