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Très grand philosophe américain du 20ème siècle, Willard van Orman Quine (1908-2000) est l’un des très rares à avoir élaboré un véritable système philosophique, dans lequel ses thèses bien connues, et souvent provocatrices, trouvent tout leur sens en se justifiant l’une l’autre. C’est ainsi de cette solidarité d’ensemble que les thèses de « l’indétermination de la traduction », de « l’inscrutabilité de la référence », de la critique de l’analyticité ou de la signification, tirent toute leur valeur et leur force philosophiques. Logicien-philosophe autant que philosophe-logicien, Quine construit sans doute des thèses philosophiques qui sont déterminées par sa conception de la logique comme couronnement de sa philosophie naturaliste. Mais celle-ci ne pourrait se comprendre sans l’attachement résolu de Quine à un empirisme foncier qu’il a mieux reconstruit pour en montrer le caractère inévitable – inévitable puisque résultant de l’état même de notre connaissance. Car, introducteur en même temps que critique de l’empirisme logique aux Etats-Unis, il s’est attaché à défaire l’empirisme de ses dogmes pour mieux en faire la méthode obligatoire de l’épistémologie naturalisée. Celle-ci prendra ainsi en compte l’état actuel de la connaissance, c’est-à-dire de la science, pour mieux la reconstruire : c’est donc une sorte de regard rétrospectif que la science porte sur elle-même qui reste comme tâche à la philosophie, sans que celle-ci reste attachée à des dogmes qui l’empêchaient de rendre compte adéquatement du développement de la connaissance (tels que : l’illusion d’une distinction absolue entre les énoncés synthétiques et les énoncés analytiques, l’illusion du réductionnisme qui veut que chaque phrase signifiante ait une correspondance avec l’expérience sensible, etc.).

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