Le toucher, entre objets et objectivité

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Travailler sur ce que peut être l’objet du toucher impose de renoncer à toute définition préliminaire de ce que peut être un objet perceptuel. Car l’un des intérêts principaux d’un tel travail,dont le programme nous a été proposé par Roberta Locatelli et Pauline Nadrigny à l’occasion des journées d’étude sur « L’objet de la perception », consiste à tenter de penser l’objet de la perception hors du paradigme visuel, paradigme dont on pense généralement qu’il domine la philosophie de la perception selon une idée qui dispose d’une indéniable justesse historique, bien qu’existent – en nombre limité certes, même si son accroissement semble s’accélérer ces derniers temps – des travaux consacrés à d’autres sens, ou attentifs à leur spécificité. Si ce paradigme est donc dominant en philosophie de la perception comme on le dit souvent, toute définition a priori de l’objet de la perception est donc suspecte d’être propre au sens visuel, ou déterminée par des caractères propres à ce sens. Ne serait-ce que pour rendre possible l’apparition de déterminations de l’objet du toucher que n’aurait pas dévoilées une analyse de l’objet visuel, ou bien même sonore, gustatif ou odorant (quoique ces deux derniers objets n’aient été que très peu analysés à notre connaissance, et qu’il y ait donc peu de risque que leur considération nous aveugle à l’égard du toucher), travailler sur l’objet du toucher nécessite donc la plus grande prudence à cet égard. Partons donc de l’idée que nous ne savons pas du tout ce qu’est l’objet de la perception et tâchons de prendre, par une sorte de mesure d’hygiène, le problème progressivement, en partant de faits linguistiques simples, afin de dégager un concept possible, ou des concepts possibles, d’un objet du toucher.

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