Publications par Dauvois Daniel

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L’espace et le temps chez Leibniz

Il n’y a point d’exposition canonique, continue ou exhaustive, chez Leibniz, de l’espace et du temps mais des notes dispersées dans certaines correspondances (à de Volder, à des Bosses, avec Clarke), des dialogues comme les Entretiens de Philarète et d’Ariste ou les Nouveaux Essais. Au travers de ce corpus la question de l’espace semble nettement privilégiée, le temps n’étant souvent traité que par analogie. Or cela se tourne assez aisément en paradoxe : en effet, l’espace, avec ses traits extensifs et quantitatifs, ne paraît concerner que les phénomènes et non les êtres, selon Leibniz ; dans la vérité ontologique des choses, il n’est donné que des monades, des substances douées de spontanéité interne, d’une force primitive qui détermine une tendance permanente au changement, de sorte que le successif de ces changements développe en série la loi qui fait l’individualité même de cette monade. Cette force, inscrite en chaque monade au temps de la création et par laquelle elle devient susceptible d’exprimer tous les prédicats contenus en l’entendement divin dans sa notion complète, est une pure virtualité interne : la monade est sans porte ni fenêtre, elle développe à partir de soi et sans aucun rapport à ce qui pourra se nommer une détermination d’extériorité. Il n’est rien de spatial dans les êtres, mais le temps semble en revanche s’y inscrire intimement, comme par une bénédiction divine qui convertit en puissance singulière d’auto-développement la diversité infinie de la notion complète.

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Ordre cartésien et ratio demonstrandi duplex

Je me propose d’étudier et d’éclairer, du moins de le tenter parce que cela est obscur et assez résistant à l’étude, le texte bien connu de Descartes où il accède à la demande de Mersenne d’une présentation more geometrico des vérités, ou des raisons que les Méditations ont conquises selon une autre voie. En cette fin des Secondes Réponses, il en vient alors à mieux déterminer ce que c’est que l’ordre du discours ainsi que la manière de démontrer. Les distinctions à venir vont donc nous éclairer sur la conception cartésienne de la démonstration, sur son déploiement au sein même des Méditations, sur la compréhension du mode d’écriture singulier de ce texte, qui se révèlera ensemble convenir et ne pas convenir avec l’écriture more geometrico. Notons enfin que la portée de ce texte sur l’ordre et la démonstration doit atteindre en quelque façon toutes les sciences, que la philosophie première s’y trouve bien entendu impliquée en comparaison des développements mathématiques, mais que la physique également nous permettra des interrogations et nous autorisera des clartés voire des progrès, sur les points durs du texte cartésien. Bref la théorie de la démonstration s’affecte au tout des sciences théorétiques déjà reconnues d’Aristote…