An Essay concerning Human Understanding, Book IV, Of Knowledge and Opinion
Le livre IV de l’Essai de Locke constitue la dernière partie de l’ouvrage et, tout à fait normalement, il se propose de répondre aux questions et de résoudre les problèmes qui sont à l’origine de ce travail. Dans son Epistle to the Reader, Locke indique comment lui est venue l’idée de son entreprise : une discussion difficile entre amis «sur un point fort différent de celui que je traite dans cet ouvrage… » le convainc «qu’avant de nous engager dans ces sortes de recherches, il était nécessaire d’examiner notre propre capacité et de voir quels objets sont à notre portée ou au dessus de notre compréhension ». Nous ne disposons d’aucune certitude concernant le contenu de la discussion ; mais il est probable qu’il s’agissait de la connaissance de la loi naturelle, question vers laquelle Locke s’était orienté à partir des problèmes politiques dont il traite dans des ouvrages écrits dans les années 1660 – une dizaine d’années avant le début de la conception de l’Essai. L’œuvre en question, dans son ensemble, traite donc de ce que l’on appelle depuis le XIXè siècle une théorie de la connaissance dans le but d’établir la valeur et les limites de celle-ci selon les objets qu’elle envisage ; cette entreprise, dont on peut dire qu’il s’agit d’une première forme d’entreprise critique (d’ailleurs remarquée comme telle par Kant), a pour objectif de nous éviter de nous lancer dans des recherches et des controverses inutiles en ce qu’elles dépassent nos capacités de connaître ; mais aussi de sombrer dans le scepticisme, précisément dans des domaines importants comme la religion et la morale, pour lesquels Locke s’efforce de montrer que l’établissement de connaissances certaines est possible si l’on s’en donne la peine.