Foucault-Descartes: la question de la subjectivité
https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2002-2-page-239.htm
https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2002-2-page-239.htm
https://dlib.bc.edu/islandora/object/bc-ir:100485/datastream/PDF/view
https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1989_num_87_73_6535
https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2011-4-page-565.htm
Il n’y a peut-être pas d’occupation qui nous soit aussi familière que celle de raconter.
« Alors, raconte ! », nous demande l’ami dont nous avions été séparé quelques années, quelques mois ou quelques heures. L’impératif est superflu : nous l’aurions fait de toute façon. Nos actions, nos passions, nos rencontres, tout enfin nous en fournit le motif ou l’occasion. C’est à croire que la vie même demande récit. Mais pourquoi ? Paul Ricœur répond pour une part essentielle à cette question lorsqu’il remarque que le patient qui s’adresse au psychanalyste, le fait dans l’espoir que sa vie devienne à la fois plus supportable et plus intelligible . C’est la souffrance, alors, qui demande récit. Dans son livre, Paroles suffoquées, Sarah Kofman dit comment ceux qui sont revenus d’Auschwitz n’avaient de cesse de raconter, raconter sans fin, « comme si seul un [récit] infini était à la mesure du dénuement infini » . Primo Lévi le confirme : « le besoin de raconter […] avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la force d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires » . Ricœur en est bien d’accord : « toute l’histoire de la souffrance […] appelle récit » .
Mais quelle est alors la fonction du récit ? De mettre de l’ordre ? de donner un sens ? de partager une expérience ? Une autre réponse est suggérée par le titre du livre de Thierry Hentsch, Raconter et mourir : nous racontons pour ne pas mourir – enfin, pour ne pas mourir tout à fait… Comment ne pas songer ici à l’antique représentation du temps comme un dieu qui dévore ses propres enfants ? Le récit est peut-être le meilleur moyen qu’ont trouvé ceux-ci d’échapper à sa voracité.
La pensée d’Henri Maldiney pourrait sembler dépassée au titre du fil directeur qu’elle poursuit tout au long des chapitres et des pages qu’elle consacre à l’art, et qui pourrait se formuler ainsi: le rapport à l’art exige la présence de l’œuvre. Le terme de « présence », qui prend un sens décisif et exceptionnel en ce qu’il rejoint ici celui d’« existence » – Maldiney intitule un de ses livres Art et existence -, doit être précisé et approfondi. Il indique toutefois deux grands axes structurants de l’approche.
Le premier, c’est que l’œuvre est tout autre chose que l’image. Cette affirmation, posée comme une exigence par où la philosophie élabore son ancrage au regard de l’art, n’est pas sans interpeller par le net décalage qu’elle marque vis-à-vis d’un monde de l’art, le nôtre, envahi par des images de toute sortes : les images vidéo, cinématographiques et photographiques, sans compter la « reproductibilité technique » que Walter Benjamin a désignée et analysée à juste titre comme un fait majeur de l’époque – la reproductibilité technique, que ce soit dans le domaine visuel ou sonore, conduisant à substituer à l’« ici et maintenant » de l’œuvre, des images visuelles ou sonores. Même dans le domaine de la performance, a priori basée sur le vif de l’expérience, les artistes tendent à réclamer des images, des enregistrements. Et du côté des musées où l’on pourrait espérer retrouver l’œuvre, à considérer l’usage qui y est fait des appareils photos des téléphones portables, on se dit que les comportements visent finalement encore à capter des images. Maldiney, en revendiquant l’œuvre en présence, tourne le dos résolument à cette tendance dominante de l’époque.
L’épicurisme a dans l’histoire de la philosophie une situation singulière, qu’on peut caractériser comme un double retour.
Retour d’abord à ce qui selon Aristote fut l’un des gestes philosophiques marquants de Socrate : ramener la philosophie du ciel sur la terre, c’est-à-dire chercher la solution des questions morales, plutôt que l’explication théorique des phénomènes naturels. La morale socratique paraît avoir été un eudémonisme, empreint même d’un certain hédonisme. Épicure quant à lui donne pour objet essentiel à la sagesse philosophique la réalisation d’une vie heureuse, dont le critère et le moyen sont le plaisir. Il y a chez lui comme une primauté du point de vue pratique, en ce sens que le bonheur, défini comme paix de l’âme, est ce qui donne leur raison d’être à toutes les parties de la philosophie, y compris la physique et la théorie de la connaissance.
On peut bien voir là un retour par rapport à ce qui avait été le dernier mot en la matière des deux plus illustres disciples de Socrate : Platon et Aristote. Ni l’un ni l’autre assurément n’ont négligé le perfectionnement moral des individus ni la réforme politique de la cité. Ils s’y sont employés en actes et pas seulement en discours. Mais ils avaient situé le souverain bien, et Aristote plus encore que Platon, dans l’activité de connaissance, et plus précisément dans la connaissance du plus haut intelligible : Dieu en tant que bien absolu, souverain bien. Aussi Aristote subordonnait-il les vertus morales, nécessaires à l’action, à cette fin en soi que peut seule être la contemplation de la vérité. L’épicurisme inverse cette subordination.
Cette inversion ne signifie cependant pas une renonciation à la spéculation théorique, dans la mesure où une certaine théorie apparaît nécessaire à la paix de l’âme.
https://journals.openedition.org/anabases/2704
https://www.persee.fr/doc/vita_0042-7306_2006_num_175_1_1218
https://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2010-2-page-213.htm