Duns Scot. De principio individuationis, Ordinatio II d.3 p.1 q.1-7

L’Ordinatio est un commentaire des Sentences de Pierre Lombard revu par son auteur et destiné à la publication. Tel est le statut du texte de Jean Duns Scot. D’autres textes consacrés à la question de l’individuation se trouvent dans la Lectura II. d.3, les Reportata Parisiensa II d.12, et les Quaestiones in metaphysicam aristotelis VII. Si Ordinatio désigne un cours revu par son auteur, Lectura désigne un cours non revu et Reportata désigne des notes d’étudiants. Il s’agit bien en effet d’un cours portant sur les Sentences de Pierre Lombard dispensé à la faculté de théologie. Le texte portant sur l’individuation que nous examinons ici est donc un texte avant tout théologique, ce qui n’est pas le cas de celui des Quaestiones in Metaphysicam aristotelis qui appartient lui aux œuvres philosophiques de Duns Scot.

Parcours bibliographique autour de la notion d’individu

Le parcours bibliographique qui suit n’a pas été conçu comme une bibliographie complète, et qui viserait l’exhaustivité, ni même comme une bibliographie réduite qui resterait représentative des aspects essentiels et des travaux significatifs qui concernent la notion d’individu. Il privilégie plutôt certains « angles d’attaque », par exemple la notion d’individuation, la différence entre individu et personne, la question de la représentation. Mais il ne donne ainsi qu’une vision partielle de la notion, d’autant que l’absence remarquable de certaines références, quand elle ne tient pas à ce choix, doit être comprise comme la manifestation regrettable des lacunes de son rédacteur.

Résurrection ; identité ; survie

Parmi les fresques de la Chapelle Sixtine peintes par Michel-Ange, l’ensemble intitulé Le jugement dernier offre toutes les variations possibles dans la description des corps ressuscités, de ceux qu’on tire de terre, qui ressemblent encore à des cadavres, jusqu’au corps puissant et lumineux du Christ. Le paradoxe tient à ce que la résurrection semble supposer une survie, par delà la mort, afin que soit manifeste l’identité du ressuscité. De la même façon, on constate que certaines approches philosophiques, que nous convoquerons, associent, dans des variations remarquables, les notions de résurrection, d’identité et de survie. Mais comment fixer la limite au-delà de laquelle ces variations tomberaient dans la confusion ? Cette question est-elle même pertinente, et doit-on supposer qu’une notion philosophique possède un sens qui limite l’innovation théorique ?

Le but de cet article est de construire un « appareillage conceptuel » dans lequel ces trois notions seront juxtaposées et comparées. Il s’agira, ensuite, de vérifier que cet appareillage peut constituer un outil efficace pour repérer les enjeux philosophiques des variations que subissent ces trois notions.