Les limites du Devonshire ou pourquoi la métaphysique doit être prise au sérieux
En quoi consiste une investigation métaphysique ? Que nous apprend-elle ? Pour quelles raisons ce type de recherche doit-il être pris au sérieux ? L’auteur, partisan d’une conception grammaticale ou conceptuelle, c’est-à-dire wittgensteinienne, de l’enquête métaphysique, montre que cette discipline philosophique n’étudie ni les différences ontologiques entre les propriétés naturelles, ni la nature des relations causales qui peuvent les relier (ce qui est l’objet des sciences empiriques), mais les différences catégoriales ainsi que la nature des relations qui relient les catégories et les concepts au fondement de la structuration de notre manière de concevoir (c’est-à-dire du schème conceptuel dans lequel nous pensons) ce qu’il y a (c’est-à-dire les faits étudiés par les sciences). Les propositions métaphysiques ne décrivent donc pas les faits, mais les conventions adoptées historiquement, inconsciemment et donc culturellement, au sein d’une communauté de pensée. Ces conventions forment la grille de lecture et le cadre d’intelligibilité (c’est-à-dire le schème catégoriel et conceptuel) à partir desquels il est possible de connaître les conditions du bon usage d’une grammaire conceptuelle, c’est-à-dire les limites du sens et du non-sens dans une culture donnée. Dès lors l’article montre que la nécessité des propositions métaphysiques, comme la nécessité des propositions mathématiques, n’est pas d’ordre ontologique, mais grammatical . Or si toute métaphysique est inséparable du contexte historique et linguistique dans lequel elle prend forme, alors l’ontologie générale et formelle à laquelle pensait Husserl, c’est-à-dire la constitution d’une métaphysique générale valable en tout temps et en tous lieux, est une bévue.