Hume et les miracles
Parmi les nombreux écrits sur les miracles que le siècle des Lumières a vu paraître, les quelque vingt pages que HUME leur a consacrées et qui constituent la X° section de l’Enquête sur l’entendement humain, souvent appelée Essai sur les miracles, ont retenu particulièrement l’attention. N’est-il pas significatif que l’on parle de « l’argument de HUME » ? On désigne ainsi une critique de la croyance aux miracles dont on peut trouver ailleurs, il est vrai, les éléments, mais à laquelle HUME a su donner la force d’une démonstration. Même si la mise en question des miracles était déjà familière à ses lecteurs, même si ceux qui devaient être convaincus de rejeter les miracles étaient déjà convaincus, HUME fournissait aux ennemis des miracles un argument décisif, dont l’efficacité tient à sa généralité.
HUME formule en effet une règle pour juger de la valeur des témoignages sur les miracles. C’est la maxime générale qui conclut la 1e partie de son essai : « Aucun témoignage ne suffit pour établir un miracle, sauf si le témoignage est de telle sorte que sa fausseté serait plus miraculeuse que le fait qu’il essaie d’établir ». L’application de cette règle, dans une 2e partie, permet de reconnaître que cette condition nécessaire ne s’est jamais réalisée et qu’aucune religion ne saurait s’appuyer sur les récits de miracles. Cette conclusion s’accompagne toutefois de nuances et de réserves, et nous voudrions, après avoir rappelé ce qui fait la force de la réflexion de HUME dans la 1e partie de l’essai, nous interroger sur la signification exacte de sa 2° partie.