Une introduction à la métaphysique : raison et existence
Qu’est-ce donc que la métaphysique ? Ici le paradoxe veut qu’introduire à la métaphysique soit d’emblée réfléchir à sa définition, et que la recherche de la définition soit une interminable introduction. A l’égard de la métaphysique, on ne pourrait jamais faire autre chose qu’introduire… Introduire à la métaphysique n’est pas un préalable, mais le style propre de la pensée métaphysique. Toute l’histoire de la métaphysique est l’histoire d’une introduction…
On peut encore formuler autrement le paradoxe : la métaphysique a rapport au fondement (fondement du savoir, connaissance des principes…) mais le fondement se dérobe toujours. La métaphysique c’est l’exigence rationnelle du fondement de la science, mais la métaphysique n’en finit pas de ne pas pouvoir se fonder. L’entreprise peut donc paraître bien vaine : à quoi bon s’efforcer de poser ce qui ne peut s’atteindre ? Il est raisonnable de s’en tenir à ce qui peut être connu de manière certaine et rigoureuse (sciences), quand bien même le savoir ne reposerait pas sur des bases inébranlables. Les succès remportés en aval dans la connaissance des phénomènes compensent l’absence de fondement en amont. La science se fonde, pour ainsi dire, par ses conséquences, par son dynamisme, dans son mouvement même. C’est ce qu’on peut appeler la conception « positiviste » de la science qui est largement dominante aujourd’hui. D’un côté, les sciences (et les techniques) saisissent de mieux en mieux de plus en plus de phénomènes ; de l’autre, la métaphysique n’a pas encore produit le début d’une preuve de connaissance effective et l’enquête sur le fondement du savoir paraît une recherche inutile : elle n’apporte rien au progrès de la science.