« L’inconscient n’existe pas ». Michel Henry lecteur de Freud
« L’inconscient n’existe pas ». Tel est l’énoncé qui conclut le dernier chapitre de Généalogie de la psychanalyse . Avec Michel Henry, penser la psychanalyse ne peut que mener à l’affirmation de l’inexistence de l’inconscient.
Toutefois – et pour se prémunir dès le début contre tout faux sens concernant cette affirmation qui peut sembler abrupte – l’inexistence de l’inconscient n’implique pas l’inanité de la psychanalyse. La critique de Henry ne doit en rien être confondue avec celles d’Alain et de Sartre pour qui le concept d’inconscient, tel qu’il est découvert par Freud, n’a aucune portée . À leurs yeux la théorie de Freud – qu’ils prennent à la lettre – refuse un primat de la conscience et consiste bien à mettre en place une prévalence de l’inconscient psychique. C’est elle qui est insuffisante. Pour Henry, et il s’agit bien d’un paradoxe mais dont il faudra rendre raison, le fond de la pensée freudienne est l’affirmation de l’inexistence de l’inconscient. Alors que beaucoup – Freud le premier, mais aussi sa postérité et sa critique, jusque dans les formes les plus violentes de contestation – pensent que la psychanalyse est, à tort ou à raison, une pensée de l’inconscient, Henry, lui, affirme que la plus authentique découverte de Freud est que «L’inconscient n’existe pas ». Cet énoncé – qui ne peut apparaître que comme un paradoxe mais qui possède, dans le cadre de la phénoménologie matérielle, toute sa cohérence – est le résultat de l’ensemble de l’évaluation critique de la psychanalyse menée par Henry.