Temps et vérité chez Merleau-Ponty

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L’expérience de la vérité a quelque chose de miraculeux. Alors que tout montre la marque du temps, la vérité semble l’annuler et nous faire participer à un monde atemporel vers lequel elle fait passage. C’est qu’en effet la vérité est toujours d’un ordre de l’idéalité qui transcende le temps. Monde d’abord des vérités rationnelles, à l’image des vérités mathématiques : il sera toujours vrai que la somme des angles d’un triangle équivaut à deux droits. L’essence s’oppose à la réalité sensible comme l’immuable au changeant. Mais il n’est pas jusqu’aux vérités empiriques, même les plus humbles qui ne dépassent le temps : il sera toujours vrai que ce stylo fut sur cette table à 2h30. Ainsi, si la réalité change, la vérité reste. Nous faisons l’expérience que nous sommes éternels. Car si tout passe, si l’acte même de l’esprit qui conçoit est lui-même temporel, son concept est idéal et échappe au temps. De plus c’est cette idéalité qui permet l’accord des esprits : dans un même moment historique d’abord, puisque la vérité est ce qui unit les esprits dans le Même. A travers le temps surtout : si je lis aujourd’hui Platon, c’est que je peux comprendre les mêmes vérités. L’atemporalité du vrai permet la communication des esprits au-delà du flux historique. Ainsi c’est l’immutabilité des idées qui permet une communication sans équivoque ; c’est parce que nos idées se maintiennent hors du temps, dans leur identité à elles-mêmes qu’il peut y avoir une communion des pensées. La vérité, c’est la pensée telle qu’en elle-même l’éternité la change.

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