Représentations factuelles : les poétiques de la non-fiction
Exposé de Frédéric Pouillaude (Université Paris Sorbonne) dans le cadre des Lundis de la Philosophie 2017-2018.
« On peut remplir des bibliothèques entières d’ouvrages philosophiques consacrés à la fiction. Il n’y a en revanche, à un tel niveau de généralité, à peu près rien pour la non-fiction, et ce, alors même que les œuvres de non-fiction connaissent aujourd’hui une impressionnante reconnaissance institutionnelle et une diversification étonnante de leurs médiums. Face à ce décalage entre la réalité des pratiques et l’état de la théorie, il s’agira ici de proposer un cadre théorique général pour penser les représentations artistiques non-fictionnelles. On pointera les insuffisances d’une détermination seulement pragmatique de la non-fictionnalité reposant sur la simple idée d’engagement assertif de l’auteur, et l’on mettra en évidence la nécessité d’un complément de type sémantique qualifiant les sources et ancrages empiriques de la représentation. Cette prise en considération des types de sources (principalement au nombre de trois : le témoignage, l’enregistrement, et le document) obligera alors à distinguer entre une figure générale et négative de la non-fictionnalité et une forme plus étroite et radicale, positive et peut-être paradigmatique : la factualité. Une fois ce déblayage catégoriel opéré, on s’interrogera quant à la valeur artistique et philosophique des œuvres factuelles, à travers deux questions : en quel sens les notions traditionnelles d’art et de représentation s’y trouvent-elles reconfigurées ? dans quelle mesure le partage établi entre poïèsis et praxis y devient-il, sinon caduque, du moins flouté ? »
