Les philosophes sont-ils plus intéressants que leur philosophie?

C’est une constante de la réflexion nietzschéenne que la dévalorisation de la critique. Proclamation qui, pour être récurrente, ne laissera pas d’intriguer le lecteur puisqu’il n’est pourtant guère de philosophe qui ne se trouve mis en accusation, et guère de doctrine philosophique qui ne soit réfutée par l’auteur de Par-delà bien et mal. Au point que c’est l’idée même de philosophie qui menace de s’effondrer sous les coups répétés de ce penseur qui n’en soutient pas moins simultanément qu’il est un affirmateur. Descartes : un penseur superficiel ; Spinoza : supercherie ; Kant : un tartufe, voire pire : « le plus contrefait des estropiés du concept » ; et la déclaration même, précoce, par laquelle Nietzsche définit sa pensée comme un « platonisme inversé » n’indiquerait-elle pas finalement que c’est bien malgré tout un geste critique qui commande l’élaboration de son questionnement ? A moins qu’elle ne veuille signifier, Platon jouant alors comme paradigme de la philosophie tout entière, la mise à l’écart définitive de celle-ci ? Que reste-t-il en effet chez Nietzsche du projet philosophique ?

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