La négation du Droit ou l’injustice dans les Principes de la philosophie du Droit de Hegel Commentaire (§§ 82-104)

,

Le droit abstrait, premier degré de la réalisation du droit ou de la liberté, les réalise unilatéralement, sans faire valoir tout le contenu du concept de droit, tout ce qui est requis pour que la liberté soit vraiment réalisée; et comme toute réalité qui n’existe pas conformément à son concept est une réalité finie, cette finitude se traduit, dans le réel par la négation du droit, une négation dont nous devons comprendre qu’elle ne vient pas au droit de l’extérieur, comme un accident qui serait étranger à son essence, mais bien comme une expression nécessaire de son essence. La négation qui affecte le droit abstrait, c’est en vérité une façon pour le droit comme tel de supprimer/conserver la réalisation imparfaite qu’il se donne dans le droit abstrait, en vue d’une réalisation plus complète de son essence.

Hegel envisage trois formes de la négation du droit.

La première est celle qui a lieu lorsque se produisent les conflits dont traite le tribunal civil. Il y a négation du droit, puisque l’une des parties, celle qui sera condamnée, agit contre le droit. Mais cette négation est sans fraude ou de bonne foi. Chacune des parties en cause, même celle qui agit contre le droit, ne veut que le droit, est convaincue que seul le droit doit valoir; mais ce qu’elle se représente comme le droit, c’est ce que son intérêt particulier lui fait voir comme le droit; et quand les intérêts sont divergents, les conflits apparaissent. D’où les procès civils qui consistent à soumettre les différends à l’arbitrage d’un juge. Cette nécessité de l’arbitrage montre déjà que « l’élément qui constitue le droit ne peut exister pour soi »; il doit trouver son support dans les institutions judiciaires et en particulier le tribunal (qui relève de ce que Hegel appelle « société civile » (cf § 218).

La seconde forme de négation du droit est la fraude; ici la volonté particulière n’est pas victime d’une apparence, elle produit activement l’apparence du droit; celui-ci est donc intentionnellement violé; mais il est aussi reconnu, puisque le fraudeur cherche au moins à produire l’apparence du droit. Ici commence aussi le domaine du pénal, puisque le fraudeur agit expressément et intentionnellement contre le droit.

La troisième forme de négation est négation du droit en lui-même ou « crime »; il est, précise Hegel, l’injustice véritable, car cette fois ni le droit en soi (comme dans le premier cas), ni la manière dont il apparaît (second cas) ne sont respectés; l’aspect objectif comme l’aspect subjectif sont lésés.

Documents joints