Kant et le questionnement de la métaphysique

La métaphysique, Heidegger entre autres, et mieux que d’autres, a su nous le montrer, est le cœur même du projet philosophique qu’elle accompagne tout au long de ses développements et de ses mutations historiques ; qu’est-elle, en effet, si ce n’est la « philosophie première » et dernière, qui obéit et se livre jusqu’au bout aux exigences de totalisation et de radicalisation qui caractérisent le dynamisme de la raison ? Sous diverses formes, il s’agit toujours en elle de penser ce qui est dans son ensemble et en le référant à un fondement essentiel et ultime, à un principe premier source simultanée de réalité et d’’intelligibilité universelles : la « présence » totale et permanente, « l’être » absolu et/ou le « sens » inconditionné, voilà bien ce qui meut dès les origines le désir et la quête métaphysiques.

Il se trouve cependant, nous commençons à (trop) bien le savoir, que la pensée moderne, en vagues successives ou parallèles, annonce et proclame périodiquement la mort et la disparition de cette entreprise qu’elle dénonce comme illusoire, trompeuse et aliénante : il semblerait qu’une conscience nouvelle de notre être (et de notre faire) social-historique nous invite à accepter sans réticence ni réserve aucune les horizons indépassables d’une expérience totalement immanente et relative, à rompre par là-même avec les aspirations de la raison classique à un système de la totalité hiérarchique et avec les prétentions métaphysiques d’un savoir pleinement assuré de soi-même, de son fondement et de son sens.

Cette rupture cependant n’est pas, et probablement ne saurait être, simple et tranchée : soupçonnée, critiquée, questionnée, vilipendée, la métaphysique ne cesse pourtant de resurgir sous des masques nouveaux. Comme s’il s’agissait en elle d’une « passion » consubstantielle à la condition humaine et qui, comme telle, « n’en finit pas de finir ». Métaphysique morte ou métaphysique vivante, épuisée ou en métamorphose ? Peut-être sommes-nous encore face à des interrogations trop peu écoutées et qui requièrent une méditation plus vraie et plus profonde…

Nous indiquons ci-dessous une autre contribution de Francis Guibal, parue dans la Revue Etudes : « La métaphysique en question »

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441951x/f39.item.r=jésus.langFR