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eccehomo.jpgEcce homo est le dernier ouvrage que Nietzsche a composé dans l’année 1888. Ce livre ne sera publié qu’en 1908. Nietzsche a terminé sa carrière intellectuelle le 6 janvier 1889, à Turin.
Ecce homo a comme sous-titre « Comment on devient ce qu’on est ». Nietzsche reprend cette formule à Pindare [Pythique II, 72]. On la retrouve dans le Troisième Livre du Gai Savoir, § 270 :
« Que dit ta conscience ? – Tu dois devenir celui que tu es »

Le texte introductif que constitue la Préface (écrite postérieurement, comme nombre de Préfaces) d’Ecce homo présente la problématique de Nietzsche. Pour ce dernier, la morale et la culture sont constituées par des idéaux sans liens avec la réalité.
Nietzsche, donc, expose ici le projet de son livre mais aussi de son œuvre tout entière.

Nietzsche se présente également lui-même car il a une tâche à accomplir et c’est à cela qu’il relie la nécessité de se présenter.
Nietzsche se présente car il va lancer un défi. Ce défi consiste à proclamer et établir que ce que le monde occidental propose comme idéaux n’est absolument rien (au sens ontologique de ce terme).
Nietzsche somme ses lecteurs, comme dans un combat, d’inventer de nouvelles valeurs, à renoncer aux idéaux actuels, à extirper la maladie qu’ils causent. Il faut opérer une transvaluation des valeurs. Il ne s’agit pas de réévaluer les valeurs, ce qui signifierait qu’elles sont bonnes et donc qu’on les maintient en leur donnant un autre taux, comme on réévalue un taux de crédit. Il faut renouveler les valeurs, leur donner un nouveau sens, un sens entièrement retourné, transformé. Les valeurs ne sont pas anéanties mais, au lieu d’aller dans le sens de la négation de la vie, elles iront désormais dans celui de l’affirmation de la vie et de la réalité.

Plan de ce cours :

– Introduction
– Le titre : Ecce homo
– Commentaire Préface : §1 et §2
– Les autres textes sur les mêmes recherches
– « Pourquoi je suis un destin ? »

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41DuMfYW12L._AA240_-2.jpg Nietzsche se présente comme un penseur qui veut rompre avec les idéaux anciens, philosophiques et religieux. Cependant, ses références sont essentiellement issues de la Bible et de Schopenhauer. Ses attaques contre la religion (christianisme) sont à la fois pertinentes et injustes. Il les conduit avec la véhémence des prophètes combattant les idoles, les faux dieux. Il met en cause le moralisme, comme Jésus l’a fait….
Le titre, Crépuscule des idoles, est une allusion parodique au Crépuscule des dieux de Wagner, quatrième opéra de la tétralogie de l’Anneau de Nibelung (1869-1874). C’est dans la provocation, le rire qu’il convient de rechercher la pensée de Nietzsche, et la cohérence des images.
L’idole (image prédominante de ce texte) est le faux dieu que l’homme a lui-même créé et qu’il adore, oubliant qu’il se soumet ainsi à ses propres désirs, à ses rêves voire à ses défauts.
Le crépuscule, c’est la lueur de la tombée du jour. Dans la philosophie classique, la source de toute vérité, Dieu a toujours été présenté comme la lumière intense du soleil au zénith. Le processus de la connaissance, de Platon à Hegel, est de l’ordre de la vision. Pour Nietzsche, cette lumière de la vérité, le Dieu-soleil, pâlit. C’est le déclin, en Occident, du fondement premier de toutes les valeurs. « Dieu est mort ».
À l’exemple de Moïse, Nietzsche se présente comme le destructeur des idoles. Quand vient le crépuscule on ne peut plus voir distinctement, il faut donc écouter, ausculter les idoles. Il faut avoir l’ouïe fine, une « seconde paire d’oreilles » pour déceler ce qui est caché. Nietzsche montre alors la maladie intérieure des idoles.
Il appelle cette méthode « psychologie », « sémiotique », « symptomatologie » et d’un terme générique, la « généalogie ». La généalogie permet de remonter d’un symptôme manifeste à son origine corporelle cachée.

Le but, dans ce travail, est d’analyser la question du mental et la critique du psychologisme chez Ludwig Wittgenstein. En particulier je tâcherai de mettre en évidence que chez Wittgenstein il est question d’une philosophie davantage que d’une psychologie du mental. En outre, je montrerai que le philosophe suggère une image générale de l’analyse philosophique comme description.
Comme le philosophe italien Massimo De Carolis le rappelle, la critique du psychologisme c’est-à-dire la critique du nivellement du sens des expressions linguistiques sur la représentation (ou, au sens plus général, sur l’activité psychique) a ses racines dans la pensée de Gottlob Frege et Edmund Husserl, et représente donc un point commun à la tradition de la philosophie analytique et à la tradition phénoménologique.
En ce qui concerne les réflexions wittgensteiniennes sur le mental, il faut rappeler que les interprétations traditionnelles s’accordent sur la lecture de la pensée wittgensteinienne en tant que travail de démystification et de « démentalisation » de la psychologie. En tenant compte de l’arrière plan d’une conception non essentialiste je considérerai ici en particulier deux pivots théoriques de l’analyse philosophique wittgensteinienne: la critique de l’internalisme (laquelle résulte de la négation de l’autonomie épistémique du principe d’introspection), et la fonction du langage en tant qu’élément de trait d’union entre l’extériorité et l’intériorité (et, par conséquence, constitutif de l’individu en tant que sujet d’expression).

Il ne peut être question de présenter en quelques lignes « la métaphysique de Kant » à supposer d’ailleurs (ce dont je doute) qu’elle ait jamais été produite par lui comme un système et encore moins comme un « système de la métaphysique ». Y a t il seulement un « système de Kant » ? De cela on peut aussi douter, si par système on entend le développement uni-total dans l’élément du concept de l’effectivité de l’être, dont pour nous l’Encyclopédie des sciences philosophiques de Hegel est la dernière manifestation et dont l’Ethique de Spinoza était pour l’époque, et Kant en particulier, le modèle ou le repoussoir . Mais on notera dès à présent que ni l’Ethique ni l’Encyclopédie ne se réclament de la métaphysique. Le mot est porteur d’une signification qui renvoie au transcendant et ce système uni-total de la pensée de l’être que produisent tant l’Ethique que l’Encyclopédie exclut en fait le concept même d’un « méta-physique ».

Le texte de Nietzsche qui inaugure la deuxième Dissertation de la Généalogie de la morale élabore à nouveaux frais la compréhension de l’oubli et de la mémoire. Il rattache ses deux facultés à des fonctions psychiques complexes dont le statut général et commun est d’être des modalités de la volonté. Le concept de celle-ci est modifié de même que la compréhension de la conscience et de l’être que nous sommes nous-mêmes. L’articulation générale de ces concepts est orientée sur la socialisation de l’homme, de telle sorte que ce texte porte en amont sur le devenir culturel de l’homme compris d’abord comme être naturel et en aval sur le sens social de toutes les possibilités qui dépendent de la promesse, l’engagement de soi dans un contrat quelconque d’ordre moral ou politique, la responsabilité. Aussi l’analyse de l’oubli et de la mémoire est sous-tendue non seulement par une compréhension déterminée de la vie psychique mais aussi par une compréhension déterminée de l’origine sociale des structures de cette vie psychique.

Dans bien des textes, Nietzsche donne son interprétation des théories philosophiques antiques et classiques de l’essence de l’homme. Cette interprétation se développe selon deux directions, l’une théorique, l’autre historique. Celle-là concerne le fondement théorique ou même métaphysique de l’essence de l’homme. Celle-ci, à partir d’une nouvelle détermination de l’essence de l’homme, donne une interprétation historique du destin de celui-ci. La critique radicale opérée dans cette perspective conduit à considérer l’homme comme l’effet d’un concept métaphysique, comme un être dont l’essence est déterminée par un concept métaphysique de telle sorte que l’être lui-même est modifié par ce concept, par cette façon de se comprendre soi-même. L’originalité de cette pensée consiste dans l’idée que la compréhension de soi, les concepts par lesquels l’homme se comprend lui-même, modifie cet être lui-même . Tout se passe comme si l’essence de l’être que nous appelons homme consistait à modifier cette essence ; et pourtant Nietzsche affirme que cet être a une essence propre, méconnue voire mortifiée par les théories spiritualistes. Il nous appartiendra d’examiner cette difficulté ; il conviendra de savoir en particulier si elle tient à une incohérence de la pensée nietzschéenne ou bien si elle tient à toute entreprise métaphysique, qu’elle soit classique ou qu’elle subvertisse la métaphysique classique. Peut-être l’inversion de la métaphysique classique reste déterminée dans le mode de pensée par cette métaphysique même. Le présent travail a pour objet de vérifier cette hypothèse peu originale sur un texte très précis et au long d’une analyse aussi pointue que possible : il s’agit du texte intitulé Des contempteurs du corps dans le poème philosophique Ainsi parlait Zarathoustra.

Il semble qu’il y ait chez Spinoza une assimilation de la métaphysique à la théologie et à la religion, voire à la superstition. C’est ainsi que sont mis le plus souvent dans le même camp les philosophes, les théologiens et le vulgaire. La critique de la métaphysique et de la théologie c’est alors tout aussi bien la critique de la superstition. Par ailleurs, métaphysique et théologie sont également des entreprises de légitimation d’un pouvoir despotique qui tend pour se maintenir à alimenter la superstition. Donc non seulement les doctes et le vulgaire disent la même chose, mais les premiers se servent de ces préjugés pour légitimer un pouvoir despotique et assurer du même coup leur propre position de domination. Cela permet de situer la métaphysique dans une logique spécifique de domination et de concevoir du même coup la philosophie comme un travail de libération à la fois éthique et politique…

Prétendre retrouver dans la philosophie antique ce qui constitue notre notion moderne de volonté serait sans doute a priori peu convaincant, et, dans le stoïcisme en particulier, où tout événement résulte du destin, un tel projet semble irrémédiablement voué à l’échec. Il n’empêche : dire que les Stoïciens n’avaient pas la même conception de la volonté que nous ne signifie pas qu’ils n’en avaient pas du tout. Or, en règle générale, nous ne savons pas très bien nous-mêmes ce que nous entendons par volonté, et il peut être tout à fait intéressant de s’interroger sur ce que nous comprenons communément lorsque nous disons « je veux ». C’est tout l’objet de la présente enquête d’analyser une réaction classique de doute voire de rejet, presque instinctifs, à la lecture de certains passages des écrits des Stoïciens, et en répondant aux interrogations que cette réaction soulève, de critiquer notre notion de volonté, et de comprendre ce que les Stoïciens veulent dire lorsqu’ils assurent que seul le sage fait ce qu’il veut, tout en ajoutant qu’il ne veut que ce que veut dieu pour lui…

Martin Heidegger est loin d’être le seul en ce siècle à avoir tenu un discours, et cela en vue de la «dépasser», sur la métaphysique. Ainsi, par exemple, Rudolf Carnap écrivant en 1932, dans une perspective assurément différente de celle de «l’histoire de l’être», un article intitulé «Le dépassement de la métaphysique dans l’analyse logique du langage». Et c’est déjà sur la métaphysique que s’exprimait l’auteur des Prolégomènes à toute métaphysique future qui se présentera comme science. Ceux-là mêmes toutefois qui nous invitent à entreprendre à leur suite de rejeter ou «dépasser» la métaphysique n’en viendraient-ils pas à induire en nous le souhait de d’abord tenter d’y entrer ?

L’œuvre de Frege est très brève, incisive, quasi minérale en sa sobriété, comme une sorte d’aérolithe d’abord méconnu puis admiré, enfin commenté minutieusement et religieusement dans la deuxième moitié du XXe siècle. Pour lui faire droit, en manifester la force, l’originalité et la fécondité aux yeux de philosophes moins rompus aux exercices de la philosophie analytique, il paraît utile de retracer les liens étroits qui l’unissent aux mathématiques de son temps d’une part, et à la réflexion traditionnelle sur les langues d’autre part, entre mathématiques et linguistique. Les contours de la logique, ce territoire bien difficile à dessiner, en ressortiront peut-être plus nets.
Dans le vaste mouvement qui à la fin du XIXe siècle ébranle les bases mêmes des sciences mathématiques et oblige les penseurs à chercher un sol stable par delà les traditionnelles assurances de la géométrie euclidienne et de l’échafaudage des nombres, Frege occupe une place à part, très novateur et très archaïque à la fois. Attaché aux certitudes de l’intuition géométrique – pas question d’admettre une géométrie non-euclidienne à titre provisoire ou hypothétique, car « nul ne peut servir deux maîtres » -, soucieux inlassablement de garantir une référence à toutes les expressions – pas question de jouer en irresponsable avec des écritures, comme une monnaie sans étalon or -, il creuse patiemment pour atteindre le sol logique, ce qu’il pense être le roc : les lois de la pensée pure, sur lesquelles pourraient se bâtir une part des constructions mathématiques.