La construction intersubjective de l’objectivité scientfique

Deux thèses développées ci-après mènent à poser une question :

Thèse 1. Le sujet qui fait la science est communautaire, non pas individuel ; c’est un collectif interactif de chercheurs (« collège invisible » : cf. Solla Price,1963). L’idée d’une communauté implique à la fois co-existence pacifique (communio) et interaction (commercium). La question si le sujet de la philosophie est aussi un collectif, ou s’il reste irréductiblement singulier, restera ouverte.
Thèse 2. La (les) communauté(s) scientifique(s) est (sont) indissociable(s) de la communauté humaine globale (cosmo-politique). Autrement dit, le microcosme scientifique n’est pas un modèle pour l’ensemble de la communauté humaine (macrocosme) ; il n’est au contraire complétement compréhensible et n’atteint son optimum que relativisé à la communauté humaine globale (Humanité).
Question : le point à élucider, c’est comment un collectif interactif de chercheurs dont on ne présuppose pas qu’ils sont individuellement bons et rationnels, relativisé à une communauté humaine dont le fonctionnement ne saurait être supposé parfait, accouche d’une connaissance rationnelle, c’est-à-dire, d’une « science de la nature » à peu prés cohérente.
Critère. B. Saint-Sernin avait proposé d’appeler « critère de Husserl » ce qui établirait qu’il y a dans le lien intersubjectif qui relie les membres de la communauté quelque chose (de transcendantal ?) qui « fonde » (ou « régule », ou « teste ») la solidité de la construction, et justifie la confiance dans une rationalité en devenir. Nous sommes à la recherche d’un tel critère (ou de plusieurs critères). Mais commençons par illustrer les deux thèses au moyen d’exemples.

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