Etre soi-même: Heidegger et l’obsession de l’identité

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 Toute la pensée de Sein und Zeit pourrait être résumée comme la recherche d’une identité qui ne serait celle d’aucun objet. Quel rapport cette « ipséité » (ainsi la nommerons-nous avec Paul Ricœur) entretient-elle avec ce qu’il est convenu d’appeler la « subjectivité » ? Du moins est-il sûr que le pôle qui est censé porter cette ipséité (nous l’appellerons le « Soi ») ne pourra pas être connu comme un sujet, dans ce privilège cognitif de premier accès à soi qui serait censé caractériser celui-ci, si l’on entend par là le sujet de la tradition cartésienne. Si le Soi se manifeste, ce ne sera certainement pas comme objet, donc, plus radicalement, si l’on applique les définitions kantiennes, pas pour être connu.

L’apparition du Soi comme tel ne peut se dire proprement comme conscience de quelque chose. C’est qu’il faut dépasser le modèle théorétique qui est ici à l’œuvre et récuser le concept de « connaissance de soi », incapable d’exhiber le contenu d’un Soi qui justement ne peut avoir le sens d’un contenu de connaissance.

https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1996_num_94_1_6974