Fondements de l’éthique

Je vous demande d’abord de m’excuser pour la prétention du titre de mon exposé. Je n’ai pas du tout l’ambition de trouver une justification dernière à nos choix moraux, à définir les premiers principes en matière de bien et de mal. La question est plutôt de savoir qu’est-ce qui constitue un problème éthique. Cette question est de la plus grande importance lorsque l’on discute des rapports entre éthique et politique. Pour la clarté de la discussion, il faut bien dire ce que l’on entend par éthique. Dans une telle confrontation, ma question sera donc plutôt de savoir quelles questions viennent les premières, quelles autres sont simplement dérivées, dès lors que l’on pose un problème quelconque d’éthique. En ce sens, je préférerais parler d’intention éthique. Voici l’idée directrice de mon exposé : je voudrais montrer que l’idée de loi morale n’est pas l’idée la plus fondamentale, que l’on entende par là un principe formel à la façon de Kant, ou au contraire des contenus matériels comme dans une éthique des vertus ou dans l’éthique de Max Scheler. Je ne veux pas dire pour autant que l’idée de loi morale n’ait pas sa place en éthique. Mais je voudrais soutenir la thèse que si elle a une fonction spécifique, celle-ci reste néanmoins dérivée. C’est pourquoi je vous proposerai de distinguer entre éthique et morale, de réserver le terme d’éthique pour tout le questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi morale et de désigner par morale tout ce qui, dans l’ordre du bien et du mal, se rapporte à des lois, des normes, des impératifs.

http://www.fondsricoeur.fr/uploads/medias/articles_pr/fondements-de-l-ethique.pdf