Bonheur, félicité et béatitude (XIIIe —XIVe siècle)
Au Moyen Âge, la question de l’éthique se présente comme une forme de recherche du bonheur. L’idée de bonheur est une idée ancienne en Europe, plus ancienne même que la philosophie, qui s’en empare dès Platon et Aristote. Mais qu’entend-on par bonheur ? Le concept même (« bon heur », équivalent de « bona fortuna »), est pris dans une contradiction interne, entre dépendance de la chance (ou de la fortune), et autosuffisance dans la plénitude (l’homme heureux se suffit à lui-même). La question que pose la compréhension médiévale de l’éthique est double : 1. comment se sont rencontrées l’éthique grecque, du bonheur humain (eudaimonia, felicitas), et l’éthique biblique de la béatitude (makariotès, beatitudo), selon laquelle le bonheur est un don de Dieu ? 2. Peut-il y avoir une considération rationnelle de l’éthique comme voie d’accès au bonheur (à la suite d’Aristote) ?