Langage et désir dans Discours, figure de Jean-François Lyotard

Dans « Le désir et son interprétation », compte-rendu tiré des Leçons de 1958-1959, Jacques Lacan affirme que « [s]ur la nature du désir, si nous ne cherchions à rester au plus près de l’expérience analytique, il conviendrait d’interroger les poètes. Ils témoignent, en effet, du rapport profond entre le désir et le langage […]. » À peu près dix ans plus tard, dans Discours, figure, Jean-François Lyotard reprend en quelque sorte ce propos de Lacan contre lui-même et la vague structuraliste du moment, soutenant que si le rapport est profond entre désir et langage, ce n’est pas parce que l’inconscient est structuré comme langage mais parce que celui-ci est plus que langagier. Se dessine alors toute une critique de la psychanalyse, de la linguistique et de l’anthropologie privilégiant le langage devant le sensible, mais aussi une critique de la dialectique spéculative hégélienne, qui d’après Lyotard inspire cette version du structuralisme. En bref, selon Lyotard, le langage ne se réduit pas à la signification parce qu’il est en contact avec le sensible et travaillé par le désir. Non seulement les poètes mais les arts en général en portent témoignage. De surcroît, Discours, figure pourrait se lire comme une histoire de violence réciproque, voire constitutive, entre le sensible et le langage qui mènerait le lecteur à la problématique du désir. 

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