Un philosophe ?

C’est à son emprisonnement à Vincennes (juillet-octobre 1749) auquel l’avait conduit l’imprudente publication de sa Lettre sur les aveugles que Diderot doit d’avoir été surnommé Socrate et, plus généralement, le Philosophe. Jusque là, rien — même pas ses Pensées philosophiques — ne le désignait à ce titre. Il a fallu Vincennes. La Lettre avait de quoi scandaliser, mais plus encore l’écrivain, le personnage remuant qui l’avait écrite. Par étymologie, tout personnage est masque, comédien, —paradoxe du comédien. Le public s’y trompe. Il ignore que, derrière les murs de Vincennes, Diderot a fini par trahir Mme de Puisieux, sa maîtresse, sa complice dans les éditions clandestines — et qu’il tient sa libération de sa forfaiture. Le traître, lui, le sait. Il sait du même coup qu’il n’est pas philosophe à la manière de Socrate. Il est humilié et non glorifié par sa fausse couronne. Sa vie en restera marquée.

C’est du moins ce que nous assurent certains commentateurs…

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