Le « Mind-body problem »
Héritier du problème traditionnel de l’âme et du corps, le « Mind-body problem » se pose aujourd’hui en des termes nouveaux dans le cadre d’une tentative de « naturalisation » inspirée du modèle scientifique.
La plupart des philosophes contemporains versés dans les questions de philosophie de l’esprit se situent par rapport à la thèse cartésienne. Le dualisme de l’auteur des Méditations Métaphysiques est toujours invoqué pour être, la plupart du temps, récusé. On peut même dire qu’il est présenté de manière caricaturale pour mieux servir de repoussoir.
Dans une large mesure, il semble que ce soit G. Ryle le responsable de cette situation. C’est lui en effet qui a combattu le premier ce qu’il appelait « le dogme du fantôme dans la machine » en quoi lui semblait se résumer la position cartésienne.
On s’explique dans ces conditions que le problème de la causation mentale, principale difficulté rencontrée par Descartes soit au cœur des débats et des controverses et que la plupart des solutions proposées s’efforce en premier lieu de le résoudre.
La tonalité générale des études contemporaines sur la question est moniste. Le dualisme cartésien impliquait une référence à l’esprit ; le monisme contemporain prend une forme matérialiste. Ceci s’inscrit dans une tentative de naturalisation des problèmes philosophiques, avec l’ambition plus ou moins avouée de garantir la scientificité des résultats de l’enquête.
Le monisme matérialiste peut revêtir plusieurs formes. Il peut reconnaître la spécificité du mental, au niveau des propriétés. On parle alors d’un dualisme des propriétés, pour l’opposer au dualisme des substances, mais l’expression peut se révéler égarante car en fait il reste au niveau du monisme. Mais le monisme matérialiste peut se révéler radical et se proposer alors d’éliminer toute terminologie mentaliste. Entre ces deux positions se situe toute la gamme des positions intermédiaires envisageables.
Ce qui est certain, c’est que la très grande majorité des auteurs anglo-saxons contemporains travaille dans le cadre d’un paradigme ne mettant pas en cause le monisme matérialiste et que toutes les controverses portent sur la meilleure façon d’accommoder ce choix théorique à nos intuitions courantes concernant le mental et notamment à ce qu’il est convenu d’appeler « la psychologie populaire ».