Le principe: à partir de l’œuvre de Stanislas Breton
Commençons par le commencement. Quand on ouvre Du Principe, le livre de Stanislas Breton sur lequel je vais essayer de proposer quelques commentaires ou notes de lecture, on lit à la première page : « La méditation du Principe est le principe même de la philosophie ; le premier exercice, à vide, qu’une philosophie doit s’imposer comme le premier jeu, le seul qui soit décisif, avec sa propre substance. » C’est à partir de cette proposition inaugurale que je voudrais, à titre d’introduction, essayer de tracer le cadre dans lequel elle peut s’énoncer : le néoplatonisme, et tenter d’expliciter le projet qu’elle commande, qui décidera en même temps de l’ordre d’exposition de mon propos.
Je ne vais pas me lancer dans une histoire détaillée du néoplatonisme, seulement en indiquer brièvement les exigences philosophiques constitutives et l’importance méconnue dans l’histoire de la métaphysique. Pour le dire de manière très schématique, le néoplatonisme est une tentative de restauration du platonisme dans les derniers temps de la philosophie grecque, tentative qui conduit paradoxalement, sous l’effet d’une série d’opérations exégétiques complexes, à l’élaboration d’un système original et fortement articulé . Le cœur philosophique du néoplatonisme peut être réduit, dès sa formulation inaugurale par Plotin, à trois concepts : principe, procession, conversion. Le principe, c’est ce dont toutes choses proviennent, le premier terme de toute réalité qui, en tant que tel, n’est pas un élément (même supérieur) de cette réalité.