Heidegger et Cohen, lecteurs de Kant
Au moment où il entame la discussion de l’Esthétique transcendantale dans le cours sur Kant du semestre d’hiver 1927-1928, Heidegger fait la remarque suivante:
Bien que l’interprétation phénoménologique s’oppose radicalement à la conception marbourgeoise de la pensée kantienne, il nous faut renoncer ici à engager expressément le débat avec celle-ci; le plus urgent est de fonder pour elle-même positivement l’interprétation phénoménologique. Toutefois, n’omettons pas de souligner que cette unilatéralité radicale de l’École de Marbourg a été plus favorable à l’interprétation de Kant que toutes les tentatives moyennes qui se dispensent de définir dès le départ la problématique centrale de la «Critique» .
Dans ce passage, Heidegger remet à plus tard une confrontation avec le néo-kantisme marbourgeois qui, en fait, n’aura jamais lieu. Aussi étonnant que cela puisse paraître, on ne retrouve pas chez Heidegger de discussion détaillée de l’interprétation marbourgeoise de Kant, du moins pas de celle de Cohen et Natorp . Le texte du débat de Davos entre Heidegger et Cassirer, outre le fait qu’il rapporte sous forme de procès-verbal une discussion libre, ne touche en effet qu’indirectement Cohen, qui vient prendre place au banc des accusés à côté de Windelband, Rickert, Erdmann et Riehl. Quant à l’interlocuteur de Heidegger dans ce débat, Cassirer, il a beau être l’héritier en titre de l’École de Marbourg, sa philosophie des formes symboliques donne une inflexion originale à ce mouvement, axé au départ sur la théorie de la connaissance.
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