Alain, Les Dieux
« L’idée directrice des Dieux » – idée directrice dont parle Alain dans l’introduction de cet ouvrage (1203) – est énoncée parfaitement dans l’introduction de Mythes et Fables, qui sont, d’une certaine manière, avec les Préliminaires à la Mythologie, les esquisses – comme dit Maurice Savin – des Dieux : « M’inspirant de Spinoza, je veux chercher le vrai des religions » et, puisque la religion relève de l’imagination, Alain précise, dans Les Dieux, qu’il veut rechercher « le vrai de l’imagination » (1205) et il rappelle que « Spinoza dit qu’il n’y a rien de positif dans l’erreur, ce qui signifie, ajoute-t-il, qu’en Dieu l’imagination est toute vraie *…+ ce qui est se promettre une doctrine de toutes les religions comme vraies» (1204). La méthode qu’il va utiliser est «une méthode qu*‘il+ ose dire pieuse et qui suppose vraies toutes les religions » (1213) Les « dieux *…+ ne disent jamais autre chose que le vrai de l’homme » (1211). En effet, « un homme qui se couche dans l’herbe y écrit sa forme, comme ferait un chien ou un lièvre ; et puisque l’homme pense, et qu’il se roule selon ses pensées, je puis dire que l’homme écrit ses pensées dans son lit d’herbe. » (1210) Et si ses pensées sont sa religion, ce qu’il écrit c’est sa religion et sa religion est donc sa forme, donc sa vérité. Il faut « ramener le culte à son objet véritable qui est l’homme » (Histoire de mes pensées, 202)
C’est ainsi qu’« analysant de plus près cette imagination réelle qui consiste en mouvement des mains, murmure de paroles, génuflexions en bras de croix, je n’y voyais, dit Alain, que l’expression de la paix humaine, et l’annonce, en effet, d’une autre vie, à laquelle on ne croit qu’en de courts instants. » (Histoire de mes pensées, 201)
On trouvera ici le texte de la conférence prononcée par Francis Kaplan lors de l’assemblée générale de l’Institut Alain du 24 mars 2007. La pagination est celle d’Alain, Les Arts et les Dieux, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1958.