Le parallèle Bergson-Freud
Je tenterai de résumer avec l’image du parallèle la relation entre Bergson et Freud, deux auteurs strictement contemporains, mais sans contact direct. Ce parallèle historique nous semble aujourd’hui évident, entre Bergson, qui a enseigné ici même, et Freud, qui tout en étant passé ici, ne l’y a jamais croisé. Pour comprendre ce parallèle, il est utile de commencer par s’intéresser au décalage historique qui nous en sépare. Car si cette image semble aujourd’hui pertinente pour éclairer la relation entre Freud et Bergson, cela n’a pas été le cas durant le siècle qui nous sépare de Freud et de Bergson, à travers la réception qu’en ont faite les auteurs dont il est question par ailleurs
Le premier point qu’il importe de soulever, c’est que pour la génération de Maurice Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre, Lévi-Strauss, Jacques Lacan et Paul Ricœur, puis pour celle de Michel Foucault, il n’y avait pas de parallèle entre Bergson et Freud. Tout au contraire, la réception de Freud par la philosophie française des années 1930 et le moment qui suivit – à partir de la fin des années 1930 jusqu’aux années 1970 – est l’un des éléments qui, bien loin de prolonger et d’approfondir une relation, a permis la rupture avec Bergson. Loin de percevoir Bergson et Freud comme des contemporains, deux générations de philosophes français ont au contraire considéré la réception de la pensée de Freud comme le moyen d’opérer une rupture avec la philosophie de Bergson et de concevoir une nouvelle pensée, sous le signe des philosophies de l’existence et du langage, voire de la structure, contre la philosophie dont Bergson était le symbole.