Croire en l’inconscient
Reprenant en 1933 le cours de ses conférences d’introduction à la psychanalyse, Freud, dès la première leçon, se livre à une confidence. Rappelant la place particulière qu’occupe la théorie du rêve dans l’histoire de la psychanalyse, il ajoute : « Bien que j’aie souvent douté du bien-fondé de mes connaissances chancelantes, chaque fois que j’avais réussi à transposer un rêve confus et dénué de sens en un processus psychique correct et compréhensible chez le rêveur, la confiance que j’avais d’être sur la bonne voie s’en trouvait renouvelée ». Doute et confiance renouvelée sont là pour nous rappeler ce qu’a d’unique la pratique psychanalytique et ceci vaut aussi bien pour tous ceux qui s’y exercent aujourd’hui que pour Freud en ses débuts. Cette pratique, qui est une forme singulière de communication entre deux esprits, ne repose en effet ni sur des faits cliniques observables, ni sur des démonstrations expérimentales. Elle ne peut se fonder ni sur l’évidence des uns ni sur la preuve des autres. Empruntant à la clinique la méthode, mais à l’expérimentation le statut de son objet, celui d’être construit, elle relève du pari, de l’hypothèse, bref d’une croyance.