L’imagination définie comme faculté de l’âme
La pensée philosophique, quand elle s’est attachée à la notion d’imagination, en a fait, depuis le début, l’une des facultés de l’âme. Comme le disait Descartes : une âme qui pense est une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent. » (Méditation seconde) On voit ici se succéder les opérations de l’esprit : questionner d’abord, car c’est ce qui le lance et le meut, amène s’il le faut à douter ; concevoir des notions (entendement) ; puis juger (affirmer et nier ; ce qui engage la vérité) ; puis vouloir (ce qui ouvre à l’action, au faire) ; et enfin « imaginer » est ici vraisemblablement lié à sentir ; sentir c’est recevoir en soi une impression tactile, ou auditive, ou visuelle, etc… et laisser alors se former en nous une image, qui est alors une sorte d’empreinte, de trace mnésique de la sensation. On peut la rappeler, on peut la transformer.
Quelle sorte de faculté est l’imagination, comment la situer par rapport aux autres ? Il faut bien commencer par là. Alors, ce qui est en question est de savoir si elle occupe, comme dans la liste de Descartes, une place intermédiaire, modeste ; ou si au contraire elle ne prend pas davantage de place et n’a pas un rôle plus important.