Iudicio alternante – L’alternance, une méthode minimale pour former son jugement

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Supposer qu’il existe une méthode à l’œuvre dans les Essais, c’est exploiter l’intuition selon laquelle le jugement ne s’y exerce pas tout à fait au hasard, intuition que la critique partage à son corps défendant. Montaigne n’est-il pas d’ailleurs favorable à l’idée d’un apprentissage méthodique ?  Il recommande l’apprentissage de certaines tournures de langue qui limiteraient automatiquement la portée de leurs jugements. Quels sont les efforts méthodiques décelables que l’on peut repérer dans les Essais, susceptibles de guider la conduite du jugement ? Nous ferons ici l’hypothèse que l’alternance du jugement est le procédé méthodique le plus général dont l’essayiste fait usage. Nous examinerons si l’alternance est seulement une manière de faire perdre au jugement ses repères, et de soumettre la pensée à une sorte de vertige, ou bien si cette désorientation relève aussi d’une intention calculée, destinée à former un jugement raisonnable. Nous explorerons successivement la nature de l’alternance, les formes et les significations qu’elle revêt dans certains chapitres, enfin ses résultats et ses limites. L’essai n’est-il pas un processus dynamique ? Il faudrait pouvoir tirer avantage de cette approche, dans l’analyse détaillée de quelques chapitres des Essais.

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