Guide pour la lecture de l’Enquête sur l’entendement humain

Section I

Les différentes espèces de philosophie

Introduction

Le titre de la section annonce une spécification de la philosophie en général.

La première phrase du n° 1 restreint la perspective à la « philosophie morale », aussitôt définie comme « science de la nature humaine ». Cette dernière expression atteste le lien entre l’Enquête et le Traité. La terminologie n’en a pas moins quelque chose de surprenant, car la philosophie morale a pour objet traditionnel l’action humaine, tandis que la nature désigne plutôt ce qui sous-tend l’action, mais n’est pas comme tel en son pouvoir. On peut se demander ce qu’il faut entendre ici par science et par nature : l’usage de ces termes s’expliquera par la réduction de leur signification dans le sens du pragmatisme empiriste.

La spécification annoncée ne se fait pas d’après les fins possibles de la philosophie : divertissement (salons), instruction (école), ou réforme (politique), mais en fonction de la « manière », qui est ici à comprendre moins comme une méthode que comme un angle de visée, une précompréhension de l’homme qui oriente son étude et sa présentation.

Hume caractérise :

1. L’anthropologie pragmatiste.

1/ L’homme est naturellement fait pour l’action : primauté de la morale. [Dans la philosophie grecque, c’était le point de vue du stoïcisme et de l’épicurisme].

2/ L’action humaine est orientée par des inclinations d’ordre affectif : goûts, sentiments, dont l’expression est la valeur (value) prêtée aux objets. D’où :

3/ le caractère édifiant de cette philosophie, et :

4/ les moyens de cette édification : séduction par l’exemple – rhétorique destinée à faire non pas concevoir, mais sentir (feel) en quoi la vertu est bonne. C’est la philosophie des moralistes.

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