Les auteurs

Sous-rubriques:

https://www.champlacanienfrance.net/sites/default/files/kambouchner_M116.pdf

https://dlib.bc.edu/islandora/object/bc-ir:100745/datastream/PDF/view

https://www.jstor.org/stable/40903713?read-now=1&refreqid=excelsior%3A62da7513eb569d56af20a382d11a986e&seq=1#page_scan_tab_contents

https://books.google.fr/books?id=zXG1OfDLp1IC&pg=PA7&hl=fr&source=gbs_toc_r&cad=2#v=onepage&q&f=false

https://philosophie.ac-versailles.fr/IMG/enseignement/ex-Bergson.Duree.PhT.pdf

https://dlib.bc.edu/islandora/object/bc-ir:100485/datastream/PDF/view

https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1989_num_87_73_6535

https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2011-4-page-565.htm

Il n’y a peut-être pas d’occupation qui nous soit aussi familière que celle de raconter.
« Alors, raconte ! », nous demande l’ami dont nous avions été séparé quelques années, quelques mois ou quelques heures. L’impératif est superflu : nous l’aurions fait de toute façon. Nos actions, nos passions, nos rencontres, tout enfin nous en fournit le motif ou l’occasion. C’est à croire que la vie même demande récit. Mais pourquoi ? Paul Ricœur répond pour une part essentielle à cette question lorsqu’il remarque que le patient qui s’adresse au psychanalyste, le fait dans l’espoir que sa vie devienne à la fois plus supportable et plus intelligible . C’est la souffrance, alors, qui demande récit. Dans son livre, Paroles suffoquées, Sarah Kofman dit comment ceux qui sont revenus d’Auschwitz n’avaient de cesse de raconter, raconter sans fin, « comme si seul un [récit] infini était à la mesure du dénuement infini » . Primo Lévi le confirme : « le besoin de raconter […] avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la force d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires » . Ricœur en est bien d’accord : « toute l’histoire de la souffrance […] appelle récit » .
Mais quelle est alors la fonction du récit ? De mettre de l’ordre ? de donner un sens ? de partager une expérience ? Une autre réponse est suggérée par le titre du livre de Thierry Hentsch, Raconter et mourir : nous racontons pour ne pas mourir – enfin, pour ne pas mourir tout à fait… Comment ne pas songer ici à l’antique représentation du temps comme un dieu qui dévore ses propres enfants ? Le récit est peut-être le meilleur moyen qu’ont trouvé ceux-ci d’échapper à sa voracité.