De quelle vérité les religions sont-elles porteuses ? Telle est la question que pose Spinoza. On comprend immédiatement que formulée en ces termes l’interrogation n’est pas innocente. Elle implique, en effet, la possibilité d’existence de plusieurs types de vérité et suggère que certains d’entre eux ne seraient pas accessibles aux religions ou, plutôt, ne seraient pas d’ordre religieux.

Par ailleurs, une autre ambigüité demande à être levée. Faut-il parler indifféremment au singulier et au pluriel, partant de l’idée que ce qui intéresse est la nature religieuse des religions ; mais ne convient-il pas aussi de réfléchir à l’articulation de la religion avec ses expressions dans les religions puisque l’on ne fait l’expérience de la religion que par leur médiation ? C’est aussi la tâche que Spinoza s’assigne dans le Traité Théologico-Politique.

De fait, Spinoza va essayer de montrer que les deux questions, celle de la vérité et celle de la pluralité, non seulement se rejoignent mais sont consubstantielles.