Création, décréation. La théologie de Simone Weil

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Acceptons le patronage d’Hans Jonas, qui en 1984 a déclaré : « Ce que j’ai à offrir, c’est un morceau de théologie franchement spéculative. Je laisserai ouverte la question de savoir si ce genre convient au philosophe. » Comme il le dit lui-même, la Critique de la raison pure, mais aussi la philosophie analytique du XXe s, nous en décourageraient totalement, comme si c’étaient des entreprises dépourvues de sens. Et pourtant, nous ne pouvons pas bloquer le domaine du sens sur le « connaissable ». Nous existons, et continuons de réfléchir sur l’existence, la vie, le devenir du monde. « Travailler sur le concept de Dieu est donc possible, même s’il n’y a pas de preuve de Dieu ; et ce genre de travail est philosophique, pourvu qu’il s’en tienne à la rigueur du concept. »

Tout se passe chez Simone Weil comme si elle acceptait avec simplicité la notion même de Dieu, et celle d’amour. Elles ne sont jamais objet d’un doute. Et sur ce socle, elle construit à sa manière, réfléchissant de jour en jour, comme ses cahiers en portent témoignage, sur ce qu’est la création, le monde dans sa beauté, et chaque créature. Son mysticisme est évident : même si son axe est le christianisme, sa curiosité et sa culture la portent à ne négliger ni le fond védique, ni le fond égyptien et grec des religions antiques. Sa théologie puise à cette ouverture et à cette indépendance d’esprit sa forte originalité.

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