L’étant sans l’être
Pour quelle raison la tradition philosophique issue des œuvres de Frege et de Russell n’a t-elle accordé aucune attention sérieuse à ce que Heidegger s’est efforcé d’identifier sous le nom de « question de l’être »? Si le problème mérite d’être soulevé, c’est que l’on croit trop souvent, au sein de la tradition philosophique « continentale » voire française , que cette indifférence à la question de l’être serait à mettre au compte des tendances incurablement empiristes ou positivistes de cette tradition philosophique. Or si l’empirisme fut effectivement la ligne directrice des philosophes du Cercle de Vienne, il ne constitue en aucune façon un trait propre de la tradition analytique. Au contraire: c’est aujourd’hui au sein de cette tradition philosophique que l’on assiste à la renaissance de la métaphysique générale la plus échevelée et que des concepts aussi peu empiriques que ceux de substance, d’essence, de dispositions, d’attributs universels, de possibilia, etc., se trouvent remis au goût du jour.