Métaphysique et logique spéculative: La critique hégélienne du principe de contradiction

La philosophie hégélienne peut être comprise en général comme une réhabilitation de la métaphysique en tant que connaissance théorique de l’absolu, après le discrédit jeté sur elle par la philosophie critique. Mais la conception hégélienne de l’histoire de la philosophie, comme progrès nécessaire de celle-ci, interdisait à Hegel de comprendre sa propre réfutation du kantisme comme l’injonction d’un retour à des positions prékantiennes. Bien plutôt, le moment critique de la philosophie devait-il être compris comme un développement de ces dernières, propre à les conduire à une vérité qu’elles portaient en elles sans en avoir conscience, et qu’elles ne pouvaient rejoindre que par le moyen de leur réfutation, et non pas malgré elle.

Le grand mérite de la philosophie critique est pour Hegel d’avoir découvert le caractère antinomique de la raison, c’est-à-dire son aptitude à penser la nécessité des contradictions impliquées dans l’usage de ses concepts. Le seul tort de la philosophie critique était d’avoir limité ces contradictions à quatre antinomies, au lieu de reconnaître que la nécessité de la contradiction est une loi de la pensée en même temps que de l’être, ou, si l’on préfère, de l’être en tant qu’il est pensé, c’est-à-dire tel qu’il est non seulement en soi, mais aussi pour soi, réfléchi et conscient de lui-même. Comme forme concrète de la réflexion rationnelle, par opposition aux abstractions de l’entendement scientifique, la contradiction pensée peut ainsi servir à définir la réalité de l’absolu comme esprit. Hegel n’est pas tout à fait l’inventeur d’une telle conception, qu’on trouve notamment chez Jakob Böhme, cordonnier théosophe à Görlitz au début du XVIIème siècle. Mais Hegel lui a donné ses lettres de noblesse philosophiques en en faisant le principe d’un système total.

Etude de la critique hégélienne du principe de contradiction à partir de la présentation qu’en donne l’Encyclopédie des Sciences philosophiques en abrégé, aux §§ 115, 119, et 121, exposé synthétique de la Doctrine de l’Essence de la Science de la Logique.

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