Philosophie et morale – Eléments d’éthique contemporaine
A propos de la morale, on se croit parfois bien inspiré de se tourner vers la philosophie. Pourtant les hommes n’ont pas attendu les philosophes pour vivre et peut-être agir moralement. Que peut donc en dire la philosophie si elle ne peut avoir la prétention d’inventer la morale ? Même, la philosophie n’est-elle pas nuisible à la morale commune ? On peut se demander ainsi avec le philosophe Bernard Williams si la philosophie morale ne perturbe pas nos évaluations éthiques, si les catégories de la théorie morale (comme les concepts d’obligation, de devoir, de bien, de bon) ne sont pas trop étroits pour comprendre et décrire nos pratiques, si la théorie ne travestit pas la vie morale telle qu’elle se pratique et se réfléchit dans ses concepts « épais » (thick) comme fidélité, courage, etc.. Il y a une épaisseur, une variété, une richesse de la vie morale que l’étroitesse (thin) des concepts de la philosophie morale est amenée à négliger ou à trahir.