Le pacifisme, tel qu’Erasme le défend

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Qu’il faille être pour la paix est une sorte d’évidence totale : pour la sensibilité, pour le cœur, pour l’intelligence : ne serait-ce que pour vivre déjà, et favoriser les vivants et leur milieu. Qu’il s’impose d’être pacifiste devrait l’être aussi. Et pourtant, notre perplexité est régulièrement suscitée, non seulement par des discours favorables à la guerre, mais encore par la mauvaise réputation qui est très souvent attachée au « pacifisme » comme tel. Même s’il est raisonnable d’être pour la paix, il est régulièrement mal vu d’être pacifiste, comme si c’était une honte, ou une lâcheté, ou une trahison. Et pourtant, ceux qui méprisent le pacifisme se trouvent rejetés du côté des partisans de la guerre, ce qu’ils n’auraient pas forcément voulu. Mais l’alternative est là : où la paix, ou la guerre.

Aussi curieusement rares sont les voix « pacifistes » sincères. On en trouve une, claire, nette, courageuse, maintenue chez Erasme. Retenons trois écrits essentiels :

(1) Adage 3001 : Dulce bellum inexpertis, « la guerre paraît douce à ceux qui n’en ont pas l’expérience » (Adages publiés de 1500 – édition de 800 proverbes- à 1508, où ils passent à 4151.)

(2) Querela Pacis, La complainte de la paix (rédigée en 1516, parue en 1517).

(3) Faut-il ou non faire la guerre aux Turcs ? (1530)

Sur la défense de la paix, Erasme ne renouvelle pas ses arguments ; il les reprend comme un musicien reprend un thème avec variations.

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