La politique et la démocratie
Qu’est-ce que la politique ? La définition la plus commune est celle-ci : l’art de vivre ensemble. Cette définition mérite considération, non pas qu’elle soit indiscutable, mais parce qu’elle ouvre à la dimension problématique du champ qu’elle désigne, c’est-à-dire pour nous son irréductibilité.
Notre hypothèse est paradoxale : on commence par ce qui en général constitue l’objet ou la fin de la réflexion (philosophique) sur la politique : démontrer l’autonomie du champ politique : par rapport au religieux du point de vue de l’autorité, par rapport à l’économie du point de vue des échanges, par rapport à la morale du point de vue de la norme. Et la démonstration de cette autonomie passe en général par une histoire de l’Etat : la question de l’Etat se présente comme la question politique principale parce qu’avec lui la politique s’affirme dans son autonomie (le politique), c’est-à-dire dans la reconnaissance de son pouvoir propre, pouvoir de la violence légitime comme dira M. Weber. Donc l’autonomie de la (du) politique est ce qu’il faut prouver et non ce qui doit être présupposé : le politique est ce qui émerge de l’activité gouvernementale (l’exercice du pouvoir) « par un processus d’institutionnalisation croissante, lié à la centralisation, au renforcement des appareils administratif et militaire, à l’homogénéisation juridique » , c’est-à-dire avec la formation de l’Etat moderne.