Comment bien user de ses représentations ? Une leçon stoïcenne

A. Si nous prenons le mot « représentation » dans notre langue (et tel que le dictionnaire Littré en fixe les sens), la représentation désigne une action : celle de mettre devant les yeux, en quelque sorte un second exemplaire à la place d’un premier – supposé s’être « présenté », et qui devient en quelque sorte dès lors absent ou effacé. Aussi un représentant est une personne B qui tient la place d’une personne A : tel est le sens de la représentation politique (les députés élus « représentent » le peuple – qui a déposé un bulletin de vote et devient ensuite le grand absent du jeu des institutions politiques : les représentants sont les acteurs politiques réels, à côté de ceux qui sont désignés par le chef d’Etat et eux ne représentent en cela personne). Ou, si l’on parle de peinture : nous pouvons dire que tel tableau « représente », si c’est un portrait, telle personne qui en a été le modèle, et qui peut être défunte ; si c’est une scène : l’événement tel qu’il s’est passé ou aurait pu se passer. La représentation re-présente en ne re-doublant pas ;  la ressemblance, la fidélité, la vraisemblance ne sont pas exigées. Un portrait de femme peut être très ressemblant, ou très dissemblant -comme un portrait cubiste). De même, une pièce de théâtre écrite, que l’on peut lire, est, dans un théâtre un jour « représentée », on en donne des « représentations », etc : sur une scène, avec des acteurs, un metteur en scène, dans telle traduction ou dans telle langue, etc…. sans exigence non plus de ressemblance ou de fidélité à l’auteur ou à l’époque de son écriture. Celui qui médite et prépare la représentation jouit d’une grande marge d’initiative, de pensée et d’action personnelle, de mise au goût du jour…  A la rigueur donc, et comme une suite logique de cette théâtralité, quelqu’un peut vivre « en représentation » autrement dit à chaque apparition publique peaufiner et soigner l’image de soi qu’il donne ; un roi peut s’y voir contraint : costume, trône et sceptre, rites, etc…. l’amènent à vivre ainsi ; comme s’il ne lui était plus permis d’être l’homme naturel qu’il est.

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