Linguistique et phénoménologie : approche de la temporalité, de Gustave Guillaume à Henri Maldiney
« Le dernier des grands linguistes philosophes », « Une espèce d’autodidacte qui fait une linguistique qui ne ressemble à celle de personne », c’est en ces termes que Gilles Deleuze présente Gustave Guillaume dans son cours intitulé Cinéma et pensée, le 18 Juin 1985. Guillaume, né en 1883, fils naturel de Françoise Caroline Guillaume et du peintre orientaliste Gustave Achille Guillaumet, est en effet un linguiste autodidacte qui a commencé par travailler comme simple commis de banque tout en développant une passion pour les langues (le grec, le latin et le russe qu’il a appris en donnant des leçons de français aux émigrés russes). Le hasard veut qu’en 1909, l’un de ses clients, le linguiste et comparatiste Antoine Meillet, littéralement fasciné par ses connaissances et sa curiosité intellectuelle, l’invite à suivre ses cours à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. C’est là qu’il va découvrir la recherche de Saussure entre 1909 et 1919, date à laquelle il obtient son diplôme. En 1923, il publie un premier ouvrage, Le Problème de l’article et sa solution en français ; vient ensuite, en 1929, Temps et verbe, théorie des aspects, des modes et des temps suivi de L’architectonique du temps dans les langues classiques. Grâce à Meillet qui avait fait promettre à un autre éminent linguiste, Emile Benveniste, de lui donner des heures d’enseignement, Guillaume est recruté en 1938 comme chargé de cours à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes où il dispensera leçons et conférences jusqu’à sa mort en 1960. En 1976, le Québécois Roch Valin, son principal disciple et légataire scientifique, créé, à l’Université Laval de Québec, le Fonds Gustave Guillaume où sont conservés tous les originaux de ses écrits publiés et inédits. Avec la collaboration des éditions Klincksieck, des Presses Universitaires de Lille et de Laval à Québec, le Fonds Gustave Guillaume assure la publication, toujours en cours, des Leçons de linguistique.