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Les espaces virtuels de l’image et l’autre perception

miafa.jpg Dans la salle du cinéma de quartier Le Jewel Cécilia (Mia Farrow) est entrée pour cacher ses larmes. Trompée par les fausses promesses de Gil Sheperd (Jeff Daniels), battue par Monk son mari (Danny Aiello), au chômage, subissant les rebuffades du monde entier, elle est aux abois. Ses yeux noyés de larmes ne distinguent pas d’abord les ombres qui s’agitent sur l’écran. Puis son visage se détend. Une lumière intérieure l’éclaire. Cécilia regarde, et elle prend place dans sa vision. Sublime plan que celui-ci où Woody Allen filme la métamorphose d’un visage qui entre dans la fiction. Là-bas, sur l’écran, ce ne sont plus des images qui bougent mais Ginger et Fred qui, sur les ailes de la musique d’Irving Berlin, s’élèvent aux Cieux, Heaven, i’m in Heaven…, virevoltent entre les colonnades, glissent sur un plancher immaculé qui s’étend, lisse, à perte de vue. Alors un sourire se dessine sur les lèvres de Cécilia, et dans ce sourire se signale l’absence de Cécilia au monde réel (la salle, la ville, la terre) et l’entrée dans l’espace imaginaire.

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