Ecouter Augustin
La parole est sans conteste le point le plus fondamental dans l’œuvre d’Augustin, que ce soit dans sa dimension rhétorique, spécialité dont il possédait une maîtrise accomplie et reconnue de tous, ou en sa dimension philosophique qu’il convient de bien interpréter. Elle recouvre volontiers la multiplicité des sens que peut recevoir le terme grec logos. Elle est un avertissement extérieur rendant attentif à une signification qu’éclaire la lumière de la vérité, elle est aussi la raison qui donne une densité particulière à cette signification saisie intérieurement, elle est en outre la réalité transcendante à laquelle renvoie cette raison, permettant la constitution de la sagesse comme science des choses divines et humaines. Enfin elle est le lieu même de l’unité de ces réalités transcendantes, la source de toute connaissance et de toute intellection, l’origine de tout être : le Verbe qui était au commencement. La richesse du sens de la Parole pour Augustin nécessite donc qu’elle soit écoutée selon les divers sens que ce vocable recèle. D’une part comme réception d’un signe audible auquel il faut prêter une attention réelle et d’autre part – ainsi que l’on sait s’écouter entre amis, comme accueil de la signification qu’il porte, ce qui demande un goût minimal pour la vérité et le désir de n’être étranger à aucun élément constitutif de l’humain. Ensuite comme saisie de cette signification même, comme compréhension – prise en soi-même – de ce qu’elle porte et de sa capacité de transformation. Enfin l’accomplissement de cette parole, dans l’évidence de la vérité qu’elle porte, permet une connaissance de soi qui n’est possible que par une connaissance de Dieu qui en est la condition.